SCANDALE — Hydroxychloroquine : trois des auteurs de l’étude de ‘The Lancet’ se rétractent

[France 24 – AFP] — Trois des quatre auteurs de l’étude publiée le 22 mai dans la revue scientifique britannique ‘The Lancet’ sur l’utilisation de l’hydroxychloroquine contre le Covid-19 se sont rétractés, invoquant des doutes sur les données utilisées. La revue retire l’article. « Nous ne pouvons plus nous porter garants de la véracité des sources des données primaires », écrivent les trois auteurs au Lancet. Les trois scientifiques, qui ont contribué à l’élaboration de cette étude controversée, ont finalement retiré leur signature de l’article, le 4 juin, mettant en cause le refus de la société Surgisphere de leur donner accès à la base de données.

Publiée le 22 mai dans la célèbre revue médicale britannique, l’étude concluait que l’hydroxychloroquine n’était pas bénéfique aux malades du Covid-19 hospitalisés, et pouvait même être néfaste. Sa parution avait eu un retentissement mondial, poussant notamment l’OMS à suspendre ses essais cliniques sur l’hydroxychloroquine.

Mais les critiques n’ont pas tardé, de la part des défenseurs de la molécule – comme le chercheur et infectiologue français, Didier Raoult, qualifiant l’étude de « foireuse » –, comme des scientifiques sceptiques sur l’intérêt de ce médicament pour soigner les malades atteints du Covid-19. Mercredi, l’OMS a finalement annoncé la reprise des essais cliniques sur l’hydroxychloroquine.

Doutes sur la fiabilité des données

Les principales critiques portaient sur la fiabilité des données de cette étude (96 000 patients de 671 hôpitaux) collectées par Surgisphere, société d’analyse de données de santé dirigée par Sapan Desai, quatrième auteur de l’article. Les auteurs ont alors répondu en annonçant un audit “indépendant” sur leurs résultats et l’origine des données. Mais trois d’entre eux, dont le principal, Mandeep Mehra, ont finalement jeté l’éponge.

Surgisphere a refusé de communiquer les données, invoquant des accords de confidentialité avec ses clients. Les auteurs de l’étude n’ont, de fait, « pas pu conduire une revue indépendante et nous ont informés de leur retrait du processus d’évaluation par les pairs », écrivent-ils dans le texte publié jeudi par le Lancet, présentant « leurs plus profondes excuses ».

Dans son communiqué, The Lancet, assurant prendre « très au sérieux les questions d’intégrité scientifique », estime “urgent” d’évaluer d’autres collaborations avec Surgisphere.

Des questions toujours en suspens sur Surgisphere

« Il y a encore des questions en suspens sur Surgisphere et les données prétendument intégrées dans cette étude », insiste la revue, qui avait déjà publié mardi soir un avertissement sous la forme d’une “expression of concern” [« exprimant sa préoccupation »].

Le New England Journal of Medicine (NEJM), qui avait publié une étude de la même équipe réalisée avec les données de Surgisphere, sur le lien entre la mortalité due au Covid-19 et les maladies cardiaques, a lui aussi annoncé jeudi soir la rétractation de ces travaux.

Le Dr Desai, qui a défendu depuis le début « l’intégrité » de ses données, a de son côté décliné tout commentaire jeudi.

Avis de rétractation et déclaration de The Lancet

Rétraction – Hydroxychloroquine ou chloroquine avec ou sans macrolide pour le traitement de COVID-19: une analyse du registre multinational

• Mandeep R Mehra, Frank Ruschitzka, Amit N Patel

Après la publication de notre article dans The Lancet, plusieurs préoccupations ont été soulevées concernant la véracité des données et des analyses menées par Surgisphere Corporation et son fondateur et notre co-auteur, Sapan Desai, dans notre publication. Nous avons lancé un examen indépendant par des pairs de Surgisphere avec le consentement de Sapan Desai pour évaluer l’origine des éléments de la base de données, pour confirmer l’exhaustivité de la base de données et pour reproduire les analyses présentées dans le document.

Nos pairs examinateurs indépendants nous ont informés que Surgisphere ne transfèrerait pas l’ensemble de données complet, les contrats clients et le rapport d’audit ISO complet à leurs serveurs pour analyse car un tel transfert violerait les accords clients et les exigences de confidentialité. À ce titre, nos examinateurs n’ont pas été en mesure de mener un examen par les pairs indépendant et privé et nous ont donc informés de leur retrait du processus d’examen par les pairs.

Nous aspirons toujours à effectuer nos recherches conformément aux directives éthiques et professionnelles les plus élevées. Nous ne pouvons jamais oublier la responsabilité que nous avons en tant que chercheurs de veiller scrupuleusement à nous fier à des sources de données qui respectent nos normes élevées. Sur la base de cette évolution, nous ne pouvons plus garantir la véracité des principales sources de données. En raison de cette évolution malheureuse, les auteurs demandent que le document soit rétracté.

Nous sommes tous entrés dans cette collaboration pour contribuer de bonne foi et à un moment où nous avons grand besoin pendant la pandémie COVID-19. Nous nous excusons profondément auprès de vous, des rédacteurs en chef et du lectorat de la revue pour toute gêne ou inconvénient que cela pourrait avoir causé.

MRM rapporte les frais personnels d’Abbott, Medtronic, Janssen, Roivant, Triple Gene, Mesoblast, Baim Institute for Clinical Research, Portola, Bayer, NupulseCV, FineHeart et Leviticus. FR a été payé pour le temps passé en tant que membre d’un comité pour des essais cliniques, des conseils consultatifs, d’autres formes de consultation et des conférences ou des présentations; ces paiements ont été effectués directement à l’Université de Zurich et aucun paiement personnel n’a été reçu en relation avec ces essais ou d’autres activités depuis 2018. Avant 2018, FR rapporte les subventions et les honoraires personnels de SJM / Abbott, les subventions et les honoraires personnels de Servier, les honoraires personnels de Zoll, honoraires personnels d’Astra Zeneca, honoraires personnels de Sanofi, subventions et honoraires personnels de Novartis, honoraires personnels d’Amgen, honoraires personnels de BMS, honoraires personnels de Pfizer, honoraires personnels de Fresenius, honoraires personnels de Vifor, honoraires personnels de Roche, subventions et honoraires personnels de Bayer, honoraires personnels de Cardiorentis, honoraires personnels de Boehringer Ingelheim, autres de Heartware, et subventions de Mars. L’ANP ne déclare aucun intérêt concurrent.


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