Une tranche d’histoire — Le caporal suppléant Charles Eusèbe Boulianne, héros de guerre du débarquement et de la conquête de Sicile

Voici une tranche d’histoire de la famille de Bouillanne comme j’aime à les raconter de temps à autre. Il s’agit cette fois du caporal suppléant (L-Cpl) Charles Eusèbe Boulianne (matricule E/4126) mort sur le champs de bataille lors du débarquement et de la conquête de Sicile en 1943 alors qu’il combattait l’armée de Adolf Hitler. Il est le fils de Lydia Gilbert et Jean Boulianne, de Chicoutimi, ainsi que mon cousin issu de germains d’un grand-parent (voir ici).

La pierre tombale du caporal suppléant Charles Eusèbe Boulianne

Pendant l’hiver de 1943, les armées allemandes en Italie défendaient une ligne qui s’étendait depuis la mer Thyrénéenne au nord de Naples, jusqu’à l’Adriatique au sud d’Ortona. L’objectif des Alliés consistait à enfoncer cette ligne et à s’emparer de Rome. De son côté, la 1re Division de l’infanterie canadienne devait franchir la rivière Moro et s’emparer d’Ortona.

Le 6 décembre 1943, les Canadiens franchirent la rivière en vue de s’emparer de Villa Rogatti et de San Leonardo, deux villes situées sur la rive opposée. Les Allemands opposèrent une résistance, mais en se concentrant sur la prise de San Leonardo, les Canadiens parvinrent à établir une tête de pont. La semaine suivante, les membres du Royal 22e Régiment, soutenus par des chars d’assaut de l’Ontario Regiment, lancèrent une attaque sur la rive du profond ravin près de Casa Berardi, là où se trouvaient les positions défensives des Allemands qui ne cessaient de freiner l’avance des Canadiens.

Cette attaque, combinée à l’assaut du 48e Highlanders et du Royal Canadians, permit enfin de repousser l’ennemi. Après deux semaines, les Canadiens purent avancer vers Ortona. Et le capitaine Paul Triquet, du Royal 22e, obtint la Croix de Victoria.

Les médailles du Lcpl Charles Eusèbe Boulianne : 1) Étoile de campagne 1939-45; 2) Étoile de campagne Italie; 3) Médaille de la Défense; 4) Médaille canadienne du volontaire avec barette outremer; 5) Médaille de guerre 1939-45. — Collection: Sébastien Patry.

La bataille d’Ortona fut l’une des plus féroces de la guerre. Ortona fut prise après huit jours d’âpres combats. On a souvent utilisé l’expression « trou de souris » pour décrire les batailles maison par maison. Le 28 décembre, après avoir été repoussés vers la banlieue nord de la ville, les Allemands se retirèrent. Au cours des combats du mois de décembre, la 1re Division canadienne subit plus de 500 pertes fatales. En janvier 1944, les Canadiens progressèrent quelque peu, puis se limitèrent à des activités de patrouille dans ce secteur jusqu’en mars.

Mon grand cousin, héros de guerre, est inhumé au cimetière militaire canadien de la Moro, situé à Ortona, en Italie (concession: III. D. 3). Ce cimetière rassemble 1 615 tombes de soldats canadiens, pour la plupart, tombés avant, pendant et après les combats qui eurent lieu près du fleuve Moro et à Ortona. Ces mots sont inscrit sur sa dalle funèbre :

« À la douce mémoire de notre fils bien aimé qui a donné sa vie pour son pays »


Cérémonie du changement de page à la Chapelle du Souvenir

Le nom du héros de guerre Charles Eusèbe Boulianne, caporal suppléant (L-Cpl), est inscrit sur la page 138 du « Livre du Souvenir de la Seconde Guerre mondiale » conservé dans la chapelle du Souvenir de la tour de la Paix sur l’axe central de la façade du Parlement du Canada, à Ottawa, en Ontario.

La Chapelle du Souvenir est un lieu empreint de solennité situé près de la base de la tour de la Paix. Faite de marbre, elle est dédiée aux Canadiens décédés lors de conflits internationaux. Les vitraux de la Chapelle illustrent le voyage des soldats, de l’appel au combat jusqu’au retour au pays. Le plancher est fait de pierres provenant de champs de bataille d’Europe : Ypres, Sommes, Vimy et Verdun, pour ne nommer que ceux-ci.

Au centre de la Chapelle se dresse un imposant autel en pierre massive. Cet autel est entouré de sept autels faits de pierre et de bronze. Chaque autel renferme un Livre du Souvenir différent dans lequel sont inscrits les noms de plus de 118 000 soldats canadiens qui ont combattu et qui ont donné leur vie au service du pays.

Les premiers septs Livres du Souvenir commémorent plus de 118 000 soldats canadiens qui ont consenti le sacrifice ultime en servant notre pays dans les forces militaires. Les noms inscrits dans ces Livres du Souvenir se trouvent également au Mémorial virtuel de guerre du Canada. En 2012, le Livre du Souvenir de la guerre de 1812 fut commandé afin de souligner le 200e anniversaire de la ratification du traité de paix qui a mis fin à ce conflit. Ce huitième Livre du Souvenir a été dévoilé en février 2019.

Ces livres sont ouverts et sont exposés derrière des vitrines. Tous les matins, à 11 heures précises, un membre du Service de sécurité de la Chambre des communes tourne les pages des Livres. Un calendrier perpétuel a été établi pour le changement de page de chaque livre. Ce calendrier fait en sorte que chaque page de chacun des Livres est tournée une fois dans l’année. Quelques pages sont laissées exposées pendant quelques jours, le jour même ou les jours entourant un anniversaire des actions qu’ils commémorent.

La page 138 sur laquelle est inscrit le nom du Cpl supp Charles Eusèbe Boulianne est en vedette dans la Chapelle du Souvenir de la Tour de la paix, à Ottawa, le 23 mars de chaque année.

Les huit Livres du Souvenir sont actuellement exposés dans la salle du Souvenir du centre d’accueil des visiteurs de l’édifice de l’Ouest du Parlement, au cours des travaux de rénovation de l’édifice du Centre, qui se dérouleront pendant une dizaine d’années.

Le débarquement et la conquête de Sicile (1943)

Le 10 juillet 1943, le Royal 22e Régiment, alors sous le commandement du lieutenant-colonel Bernatchez, participe au débarquement en Sicile, connu sous le nom d’opération Husky, dans la région de Pachino. Le débarquement s’effectue vers 8 heures et la prise de la plage s’effectue rapidement si bien que, dès la soirée, le régiment se trouve à 6,5 km dans les terres. Le 22e prend part à sa première bataille de la Seconde Guerre mondiale le 17 juillet dans la région de Grottacalda. Elle commence avec l’offensive du mont Scapello et de Santa Maria. Il s’agit de la première véritable victoire du Royal 22e Régiment, mais celle-ci coûte la vie au capitaine Léo Bouchard, commandant de la compagnie A, qui reçoit la croix militaire à titre posthume. Le lieutenant Pierre Potvin reçoit aussi la Croix militaire pour avoir pris, avec une section, une position de mitrailleuse ennemie qui stoppait l’avance à Grottacalda. Plus tard, à un emplacement près de Grottacalda surnommé le « Fer à cheval » à cause d’un serpentement dans le chemin, les deux hommes libèrent deux canons antichars pris sous le feu ennemi et ramènent les blessés. La bataille de Grottacalda fit au total 4 morts et 24 blessés.

Par la suite, le 22e continue de prendre une part importante à la conquête de la Sicile notamment au cours des batailles de Valguarnera, d’Adrano et de Catenanuova. Celle-ci se termine le 17 août 1943 avec l’entrée des Alliés à Messine après 38 jours de combat. Le 8 septembre, la capitulation de la Sicile est proclamée à la radio alors que les Allemands établissent la défense de l’Italie et que le Royal 22e Régiment s’embarque à bord de péniches pour prendre part à la campagne d’Italie.

Dès son débarquement en Italie le 3 septembre 1943, le Royal 22e Régiment occupe Reggio. Ensuite, il capture Potenza, Sangro et Gambatesa. En fin d’année 1943, la jonction des routes de San Vito Grande vers Orsogna et Ortona est connue militairement comme étant l’objectif Cider qui a une grande importance stratégique puisqu’il ouvre l’accès vers Ortona qui est l’objectif de la 1re Division. La 1re et la 2e brigades échouent toutes deux à capturer cet objectif et la division décide d’y envoyer la 3e qui est alors en réserve. La 3e Brigade envoie d’abord le Carleton and York Regiment et le West Nova Scotia Regiment sans succès.

Le Royal 22e Régiment est donc le dernier espoir et il réussit à capturer l’objectif ainsi que la ferme Casa Berardi qui était un sous-objectif vital attribué à la compagnie C avec l’appui d’un escadron de chars de l’Ontario Tanks Regiment. Le capitaine Paul Triquet, commandant de la compagnie C, se distingue lors de la prise d´assaut de la Casa Berardi le 14 décembre 1943. Pour cette action d´éclat, il est décoré de la Croix de Victoria qu’il dédie à ses hommes et de la Légion d’honneur. Cet engagement se solde par un total de 23 morts et 107 blessés. Plusieurs autres soldats du Royal 22e Régiment se démarquent durant la campagne d’Italie. Le régiment participe à l’offensive contre la ligne Adolf Hitler. Le soldat Alan LeBlanc se démarque particulièrement pendant cet assaut alors que son peloton avance au travers les défenses ennemies. En effet, son peloton tombe sous le tir direct d’une mitrailleuse et le soldat LeBlanc prend l’initiative de charger la position ennemie et réussit à la capturer à lui seul permettant ainsi à l’avance de son peloton de continuer et d’éviter des pertes.

Le 5 janvier 1944, le lieutenant-colonel Jean V. Allard prend le commandement du régiment alors que ce dernier agit à titre de réserve; ce qui permet aux soldats de profiter de quelques congés et aux nouveaux caporaux ainsi qu’aux renforts de suivre des cours de tactique militaire. De son côté, le lieutenant-colonel Bernatchez prend le commandement de la 3e Brigade le 13 avril de la même année.

De mi-janvier à avril, le régiment effectue des rotations de deux semaines sur la ligne de front suivies de quelques jours de congé. C’est durant cette période, en février, que le caporal Hébert subit les pires blessures qu’un membre du régiment ait reçues au cours du conflit. En effet, pendant une opération de réapprovisionnement d’un poste avancé, le caporal Hébert perd ses deux jambes et ses deux bras lors d’un bombardement. À partir du mois d’avril, le régiment est sur la ligne Gustave et il y demeure jusqu’à l’été. Le régiment connaît des pertes d’un total de 28 morts et 172 blessés au cours de cette période.

Le 3 juillet 1944, le régiment se rend à Rome où il a la chance de rencontrer le pape Pie XII. À partir de là, il combat sur la Ligne gothique jusqu’en mars 1945 alors que l’effort principal des Alliés devient la France au lieu de l’Italie.

Des membres du Royal 22e Régiment, participant à la libération de l’Italie, en audience avec le pape Pie XII en 1944.

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