Jean-Marc de Bouillanne, ou la révolte d’un Huguenot en Nouvelle-France

Acte de naissance de Jean-Marc Bouillanne, le 1er février 1716
Acte de naissance de Jean-Marc Bouillanne, le 1er février 1716, à Morges

Il est de notoriété publique que tous les membres de la famille Boulianne et Bouliane vivant actuellement au Québec et en Amérique du Nord sont les descendants d’un seul et unique ancêtre, c’est-à-dire Jean-Marc de Bouillanne, dit le Suisse. Par contre, peu de gens connaissent la véritable histoire de cet ancêtre commun qui marqua à sa façon l’histoire de la Nouvelle-France.

Celui-ci est l’aïeul de plusieurs personnalités publiques au Québec, dont le réalisateur et scénariste québécois Bruno Boulianne, l’auteure Danielle Boulianne, le professeur de génétique moléculaire Gabrielle Boulianne, l’homme d’affaires Jean-François Boulianne, le politicien Marc Boulianne, le compositeur Denys Bouliane, l’actrice et comédienne Roxanne Boulianne, et la chanteuse mezzo-soprano Julie Boulianne. [1]

Jean-Marc Bouillanne est né le 1er février 1716 à Morges, dans le canton de Vaud, faisant alors partie de Berne en Suisse (archives du canton Vaud, registre des naissance de Morges – Eb 86/4 p.71). Il est le cinquième d’une fratrie de six enfants, nés de Etienne de Bouillanne et de Jeanne (ou Bonne) Faucon, héritière dans la succession de son père Jacques Faucon, de Remollon en Dauphiné, réfugié à Lausanne, le 1er mars 1712. Jeanne Faucon est morte de caducité mardi le 3 décembre 1748 à Genève à 10 h du soir dans son immeuble de la rue du Temple, à Genève. Elle était âgée de 70 ans.

Décès de Jeanne Bonne Faucon, 3 décembre 1748. Rue du Temple, Genève, Suisse.
Décès de Jeanne Bonne Faucon le 3 décembre 1748. rue du Temple, à Genève, en Suisse.

Contrairement à la croyance populaire, la famille Bouillanne n’est pas originaire de la Suisse. Il s’agit plutôt d’une famille protestante, issue de la plus ancienne noblesse du Dauphiné, réfugiée à Lausanne, en Suisse, au moment de la Révocation de l’édit de Nantes, en 1685.

La Révocation de l’édit de Nantes aura un impact considérable sur la vie des Bouillanne protestants, entraînant persécutions, condamnations et émigration… Un certain nombre de Bouillanne quitteront définitivement la vallée de Quint pour la Suisse et l’Allemagne. Pour sa part, Etienne, tondeur de draps, quitta le Val de Quint avec son frère Barthélemy et son épouse Jeanne Faucon. À l’époque où Etienne décidait d’émigrer en Suisse, un dénommé Jacques de Bouillanne de Châteaudouble, nouveau converti, était condamné en vertu d’un arrêt du Parlement [2] et “mené par le bourreau en chemise, pieds nus, un cierge de deux livres à la main, devant l’église cathédrale de Grenoble, pour demander pardon à Dieu, au roi et à la cour du Parlement. Il fut étranglé sur la place du Breuil, jeté au feu et ses cendres dispersées au vent comme sacrilège”. Tout ceci parce qu’au moment d’avaler une hostie que lui offrait le prêtre, saisi d’un remords de conscience, il l’avait rejetée dans son chapeau. Cet événement malheureux se déroulait le 28 septembre 1686. [3] C’est dans cette atmosphère de violence extrême que Etienne de Bouillanne décida d’émigrer en Suisse avec sa famille.

L’immeuble de Jeanne Faucon sur la rue du Temple, à Genève (Suisse). La famille Bouillanne a demeuré dans cet immeuble et Jeanne y est décédée mardi le 3 décembre 1748 à 10 h du soir. (Vidéo: Eric Boulianne)

Il ne faut pas omettre que le père de Jean-Marc Bouillanne était un contemporain et un cousin au cinquième degré d’Osée de Bouillanne, beau-frère du calviniste Amos de Ferre, celui que les catholiques ont accusé d’avoir été le « Maitre de Fanatisme » des petits prophètes. La famille de Ferre était presque entièrement acquise aux idées de la Réforme et beaucoup de ses membres exploitaient des verreries. Les auteurs catholiques la considérèrent comme le résultat d’un plan conçu à l’étranger pour soulever une partie du royaume et obliger le roi à accorder le libre exercice de la religion réformée. Le plan en aurait été conçu à Genève et le nommé de Ferre aurait été chargé d’établir une « école de prophéties » dans le Dauphiné. [4]

Françoise de Bouillane, pour sa part, met en doute ces assertions puisqu’il n’y eut jamais la moindre enquête menée sur place par les autorités civiles et religieuses pour étayer la réalité des accusations. Par contre, elle écrit : “Il est certain par ailleurs qu’Amos de Ferre a participé à ces assemblées du Désert qui se réunissaient sur la montagne de la Périère. Ces assemblées, provoquées plutôt par une réaction spontanée dans un contexte de violences matérielles et spirituelles intolérables, étaient dominées par le mouvement de mysticisme prophétique qui a marqué cette époque”. [5]

Quoi qu’il en soit, c’est exactement à cette période que Etienne de Bouillanne et sa famille s’établirent sur la rue du Temple à Genève, à quelques pas seulement du Temple de St-Gervais. C’est aussi dans cette ambiance survoltée que Jean-Marc Bouillanne naquit, grandit et fit son apprentissage. Celui-ci ne put jamais oublier ses origines dauphinoise et l’histoire troublée de ses ancêtres immémoriaux… les Fils de l’Ours.

Le Temple de St-Gervais situé à quelques pas du domicile de Etienne de Bouillanne et de sa famille.

Capitaine de milice en Nouvelle-France

Croix templière dans la Cour de la Commanderie à La Rochelle
Croix templière dans la Cour de la Commanderie à La Rochelle, en France

Est-ce pour le goût de l’aventure, par envie d’enrichissement ou simplement pour vivre sa religion librement ? Toujours est-il que le célibataire Jean-Marc Bouillanne décida de s’embarquer pour la Nouvelle-France, loin des persécutions du monarque français. À cette époque, 200 000 Huguenots (sur les 800 000 que comptait alors la France peuplée de 19 millions d’habitants) préférèrent prendre ainsi le chemin de l’exil plutôt que de se convertir. [6]

Tout nous porte à croire que le jeune Jean-Marc s’embarqua à partir de La Rochelle, alors ville et port d’allégeance protestante, où il aurait pu se sentir en sécurité. Il viendra s’établir à l’Île-aux-Coudres sur les rives du fleuve Saint-Laurent. Le 18 novembre 1739, il épouse à Petite-Rivière-Saint-François, Charlotte Savard, née vers 1714, fille de Joseph Savard et de Marie-Josephte Morel. [7]

Le 3 juillet 1742, il achète de Joseph Villeneuve une terre située à Petite-Rivière-Saint-François. Dans cet acte il se déclare habitant de l’Île-aux-Coudres. Mais on sait qu’entre 1738 et 1750, soit approximativement la première décennie, Jean-Marc habita Petite-Rivière, les Éboulements et l’Île-aux-Coudres. Il devint un citoyen de plein droit de l’Île-aux-Coudres et le 17 juillet 1752, il signe avec d’autres habitants et les prêtres du Séminaire de Québec un acte concernant la construction d’un moulin à l’eau sur l’île. [8]

Le 17 juillet 1752, Jean-Marc Bouillanne signe avec d’autres habitants et le Séminaire un acte concernant la construction d’un moulin à l’eau sur l’Île-aux-Coudres.
Le 17 juillet 1752, Jean-Marc Bouillanne signe avec d’autres habitants et les prêtres du Séminaire de Québec un acte concernant la construction d’un moulin à l’eau sur l’Île-aux-Coudres.

Si, en Nouvelle-France, les Canadiens répugnaient à s’enrôler dans les compagnies en garnison, ils n’ont, par contre, jamais hésité à servir dans la milice. En 1759, Jean-Marc Bouillanne est nommé capitaine de la milice de Baie-Saint-Paul, compagnie St-Vincent. Le grade de capitaine de la milice est convoité à cause de l’honneur qui en découle et de l’influence considérable qu’il permet au porteur d’exercer dans les affaires communautaires. C’est, en général, un homme qui jouit d’une certaine popularité et dont la bravoure est reconnue, car il est notoire que les fiers Canadiens n’obéissent qu’à ceux qu’ils respectent. [9]

Milice canadienne française (1759)
Milice canadienne française, par Mary Elizabeth Bonham. Aquarelle sur crayon sur papier vélin – 15 x 23 cm

Aux colonies où, comme en France, le port de l’épée est réservé aux militaires et aux gentilshommes, il y a droit aussi et il doit porter le hausse-col doré. À l’instar des seigneurs et des religieux, les capitaines de milice n’ont pas à payer les taxes royales et sont exemptés de l’obligation de loger des soldats chez eux. On les dispense aussi de travailler manuellement aux corvées, bien qu’ils doivent assumer la responsabilité de les faire accomplir. [10]

En Nouvelle-France, le capitaine de milice est généralement un des principaux habitants de la paroisse. Il détient plus de biens mobiliers et immobiliers que le paysan moyen. Il ne faut pas négliger que l’homme qui accède à ce poste jouit déjà d’une certaine popularité, il sait lire et écrire et possède une relative aisance financière car le poste n’est pas rémunéré.

Ce poste requiert tout de même une certaine compétence militaire puisque le capitaine doit faire l’appel des miliciens, mener les manœuvres militaires dont l’entraînement physique, la “drill”, etc. [11]

Le 28 mai 1759, les forces anglaises s’installent à l’Isle-aux-Coudres, qui leur servira d’avant-poste durant tout le printemps et l’été, avant la bataille des plaines d’Abraham, et leur permettra de bloquer toute arrivée de renfort par le fleuve. [12] Le 6 juin, Pierre Savard et Jean-Marc Bouillanne se rendent à l’île « qu’à nuit toute noir », et réussissent à capturer trois soldats anglais. Ils sont remis le lendemain à Joseph Boucher de Niverville qui les ramène à Québec. Ils fournissent alors des informations sur la flotte britannique qui arrive. [13]

Vers le 20 juin, le capitaine Bouillanne informe ses miliciens qu’ils doivent se rassembler à Québec car le gouverneur général, Pierre de Rigaud de Vaudreuil, croit qu’au premier vent favorable, la flotte anglaise débarquera. Ils auront pour tâche de défendre Québec et ses alentours des attaques et des bombardements incessants des Anglais. Vers la mi-juillet, au grand soulagement de la population réfugiée dans les bois, une partie de la milice de L’Isle-aux-Coudres et de Baie-Saint-Paul revint avec ordre d’observer et de rapporter les allées et venues des Anglais entre Québec et leur base de ravitaillement sur L’Isle-aux-Coudres. [14]

Le 3 août, après le crépuscule, Jean-Marc Bouillanne et ses hommes prirent la direction de l’île où étaient toujours cantonnés une partie de la flotte anglaise. Arrivé sur l’île, Bouillanne changea brusquement de camp et monta sur une frégate anglaise. Comprenant la traîtrise de Bouillanne le groupe d’hommes retourna à son embarcation. L’auteur anonyme du Journal du siège de Québec écrivait le 4 août 1759 : “Je viens d’apprendre par des habitants de la Baie-Saint-Paul que le nommé Suisse, officier de milice de cette paroisse, avait parti en canot avec six habitants du lieu pour essayer à faire quelques prisonniers à l’Île-aux-Coudres, et qu’aussitôt qu’ils furent à terre, le dit Suisse avait déserté ; les ennemis s’embarquèrent aussitôt pour venir couper chemin à nos gens, qui heureusement se sauvèrent”. [15]

Les Anglais dirigés par le capitaine Joseph Goreham et ses « British imperial Rangers » débarquent sur la rive de Baie-Saint-Paul le 9 août 1759. Les soldats anglais incendient toute la côte et ils brûlent plus d’une cinquantaine de fermes et de granges. Ils rasent tous les bâtiments existants à la Malbaye. Dans le but d’affamer la population, la plus grande partie du bétail est tuée. Cependant, les Anglais ne font pas brûler l’église paroissiale et le manoir seigneurial de Baie-Saint-Paul. C’est Jean-Marc Bouillanne qui dirigea les soldats dans cette oeuvre de destruction. Le capitaine John Knox, parlant des incendiaires de la Baie-Saint-Paul, écrit dans son Journal des campagnes en Amérique du Nord : “They had a Swiss for their guide, who had been a Captain of militia, also a resident for several years in the township of St. Paul, and deserted from the enemy some time before”. [16]

Par la suite, Jean-Marc Bouillanne est supposé avoir aidé le général James Wolfe et son armée à se rendre à Québec. Mais le professeur Charles P. Stacey émet un doute : “À maintes reprises, on a prétendu que l’existence de ce sentier [à l’Anse au Foulon] avait été indiquée par un traître mais aucune preuve n’a jamais été avancée”. [17] Le 13 septembre 1759, pendant deux heures, quatre-milles-cinq-cents soldats réguliers, les miliciens de la Côte-de-Beaupré, de Baie-Saint-Paul et de l’Isle-aux-Coudres, ainsi que des alliés indiens traversèrent un pont de bateaux qui enjambait la rivière Saint-Charles et se mirent en ligne devant les murs de Québec. Le sort de la Nouvelle-France allait se jouer dans les heures qui suivraient.

L’Anse au Foulon, à Québec. Henry Richard S. Bunnett, 1887, Huile sur toile, 24.5 x 35 cm.
L’Anse au Foulon, à Québec. Henry Richard S. Bunnett, 1887, Huile sur toile, 24.5 x 35 cm.

Geste de traitrise… ou Acte de vengeance ?

Valmond Bouliane se demandait à juste titre : “Jusque là, Jean-Marc est un homme bien intégré dans son milieu, respecté, allié aux meilleures familles, capitaine de milice et apprécié par le gouverneur Vaudreuil lui-même. Arrive 1759, il se retourne et gagne le côté des Anglais. Pourquoi ! Comment expliquer cela, que se passe-t-il, quelle est sa motivation ? À mon avis, l’interprétation la plus plausible, qui puisse éclairer la conduite adoptée par Jean-Marc est la suivante : il est d’abord et avant tout un protestant”. [18] C’est ce que suggère aussi Samy Khalid lorsqu’il écrit : “Bouillanne a-t-il changé de camp pour être libre de pratiquer sa religion ? Avant son arrivée en Nouvelle-France vers 1738, donc à l’âge adulte, il avait eu amplement le temps d’apprendre et de pratiquer les préceptes protestants”.

Considéré comme étant un déserteur, Jean-Marc Bouillanne dit le Suisse est vu dans l’historiographie canadienne-française comme un traître « ignoble », coupable de conspiration et d’intelligence avec l’ennemi. S’il avait été capturé par les Français, il était passible de la peine de mort. Dans le camp anglais, par contre, l’accusation est moins sévère : en 1759, Bouillanne n’est pas critiqué comme un transfuge, un traître qui abandonne les siens pour se donner à l’ennemi, mais comme un apostat qui reconnaît ses torts, renonce au parti des Français (les ennemis) et prend la décision (juste et louable) de rejoindre les Anglais. [19]

L’auteur anonyme du Journal du siège de Québec écrit, le 4 août 1759, que « le dit Suisse avoit déserté », sans porter aucun autre jugement. C’est semble-t-il seulement à partir d’Aegidius Fauteux, annotateur du Journal du siège de Québec, que Bouillanne est attaqué et diffamé : « Parmi les traîtres de l’époque il [le Suisse] apparaît bien l’un des plus ignobles ». L’historien et archiviste Pierre-Georges Roy se dit parfaitement d’accord avec les affirmations du président de la Société historique de Montréal. [20] Ces deux historiens ont manqué à leurs devoirs académiques en faisant fi du passé historique et familial du principal intéressé.

Arrêt de la Chambre des vacations du 6 novembre 1745Il est pourtant clair que Jean-Marc Bouillanne n’a pas posé un geste de traitrise envers le peuple canadien-français, mais plutôt un acte de vengeance contre cette monarchie capétienne qui aura tant fait souffrir sa propre famille. En effet, à peine quatorze ans avant les événements à l’Île-aux-Coudres et à Baie-Saint-Paul, plusieurs membres de la famille Bouillanne furent condamnés aux galères et déchus de leur noblesse par le roi de France : “En 1744, un nouveau procès, intenté par les consuls et porté également devant la cour souveraine de la province [de Dauphiné], aboutit à un résultat inattendu. Tous ceux que leur exemption de l’impôt rendait jaloux — bien qu’appartenant eux-mêmes, pour la plupart, à la religion réformée, accusèrent les Bouillanne d’avoir contrevenu aux édits royaux qui défendaient d’assister aux assemblées du Désert. Les juges entrèrent avec empressement dans cette voie nouvelle”. [21]

Un arrêt de la Chambre des vacations du 6 novembre 1745 condamna alors les Bouillanne par défaut aux galères perpétuelles et à la déchéance de noblesse, pour contravention aux édits et ordonnances du roi concernant la religion. [22]

Comment Jean-Marc Bouillanne aurait-il pu ignorer les malheurs de ses cousins et de ses coreligionnaires en Europe ? N’allons pas croire qu’il était maintenu dans l’ignorance et qu’il ne recevait aucune nouvelle de sa mère, de ses oncles ou de ses soeurs et frères demeurés en France, en Allemagne et en Suisse. N’oublions pas qu’il était arrivé en Nouvelle-France depuis quelques années seulement lorsque la condamnation tomba sur les Bouillanne en 1745. Comment aurait-il pu – en toute connaissance de cause – vouloir tant défendre les intérêts de ce roi de France qui se faisait lui-même l’ennemi de sa famille ? Samy Khalid le souligne : “la notion d’allégeance était beaucoup plus souple au XVIIIe siècle. Avant l’exaltation du sentiment national, à une époque où l’attachement au monarque était moins assurée que l’appartenance religieuse, le seul mécanisme de contrôle était le serment de loyauté”. [23]

C’est bien un esprit de vengeance qui animait Jean-Marc Bouillanne, et non pas une volonté de trahir les Canadiens-français. Il ne fut jamais inquiété par la suite, et sa descendance continua à s’allier avec les plus anciennes familles canadiennes : les Tremblay, les Caron, les Savard, les Miville, etc. Son arrière-petit-fils, Louis-Joseph Boulianne, fut l’un des 21 membres de la Société des vingt-et-un, qui fondèrent le Saguenay–Lac-Saint-Jean, tandis que sa petite-fille Theotiste et son arrière-petite-fille Marie-Modeste épousèrent deux autres membres de cette même société d’investisseurs (Joseph et Alexis Temblay, dit le Picoté).

Jean-Marc Bouillanne quittera l’Île-aux-Coudres et terminera sa vie sur la côte du Sud où, comme le laisse entendre Jean-Paul-Médéric Tremblay, il aura peut-être été le représentant de Malcolm Fraser. Il mourut en 1796. Huit ans avant son décès, quinze membres de la famille Bouillanne furent vivement acclamés par les représentants des Trois Ordres (noblesse, clergé et Tiers Etat) de Grenoble et du Dauphiné se réunissant dans la salle du Jeu de Paume, au Château de Vizille. Bien qu’habillés en paysans, les cheveux non poudrés, ils furent reconnus par l’assemblée comme appartenant à la plus ancienne noblesse du Dauphiné, et ils furent reçus avec tous les honneurs dus à leur rang. Fruit du destin, cette assemblée préfigurera la Révolution française qui allait faire tomber la tête du Capétien peu de temps après. [24]

Acte de décès de Charlotte Savard , inhumée le 24 avril 1770 à l’Ile-aux-Coudres, Québec
Acte de décès de Charlotte Savard, femme de Jean-Marc Bouillanne, inhumée le 24 avril 1770 à l’Ile-aux-Coudres.

“L’histoire possède sa propre logique et
elle poursuit sa longue route au fil des siècles.”

À propos de la stèle érigée à l’Île-aux-Coudres, au Québec

NOTE DE L’AUTEUR : Je me permets de faire un commentaire tout-à-fait personnel. La stèle érigée le 13 juin 2013 à l’Île-aux-Coudres par l’Association des familles Boulianne Inc., en hommage à Jean-Marc de Bouillanne, est une véritable insulte à sa mémoire ! Le blason qui y figure n’est pas celui de notre famille, mais bien celui de cette seule association. Et comment cette dernière a-t-elle pu commettre une erreur typographique aussi grossière dans le nom de notre ancêtre ?! De plus, cette stèle ressemble plus à une stèle funéraire qu’à un monument honorifique. À mon avis, celle-ci n’a  aucun fondement historique et devrait être démolie.

Comparatif entre la stèle érigée par l'Association des familles Boulianne Inc, au Québec, et celle érigée par l'Association des Richaud et des Bouillanne, en France.
Comparatif entre la stèle érigée en 2013 à l’Isle-aux-Coudres (Québec) par l’Association des familles Boulianne Inc, et celle érigée dans la Drôme (France) par l’Association des Richaud et des Bouillanne.

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NOTES ET RÉFÉRENCES

  1. Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Boulianne.
  2. Eugène Arnaud : Histoire des protestants du Dauphiné aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, page 16. Volume Troisième. Quatrième période: le désert, 1685-1791. Grassart, Paris 1875.
  3. Bulletin de la Société de l’histoire du protestantisme français, page 303. Documents historiques inédits et originaux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles. 8ième année. Paris 1859.
  4. Cilette Blanc : Genève et les origines du mouvement prophétique en Dauphiné et dans les Cévennes. Revue d’histoire suisse 1943.
  5. Françoise de Bouillane : La véritable histoire d’Amos de Ferre. Études drômoises, revue trimestrielle, n°34 de juin 2008, pages 18 à 21. Editions AUED, Valence.
  6. Wikipédia : Refuge (protestantisme).
  7. Fichier Origine : Répertoire des actes des émigrants français et étrangers établis au Québec des origines à 1865. Fédération québécoise des sociétés de généalogie (FQSG) et la Fédération française de généalogie.
  8. Abbé Alexis Mailloux : Histoire de l’Île-aux-Coudres depuis son établissement jusqu’à nos jours, avec ses traditions, ses légendes, ses coutumes. Montréal 1879. Bibliothèque et Archives nationales du Québec, Grande Bibliothèque, cote : 971.449 M221h 1879 (en consultation).
  9. Batailles de 1759 et 1760 : Armée française, Canadiens et Amérindiens. La milice. Commission des champs de bataille nationaux, Plaines d’Abraham.
  10. Passerelle pour l’histoire militaire canadienne, Annexe B: La vie quotidienne en Nouvelle-France. Les capitaines de milice. Gouvernement du Canada, 2011.
  11. Gilles Laporte : La milice canadienne à l’époque des Rébellions. Les Patriotes de 1837@1838. Les Rébellions du Bas-Canada. 20 mai 2000.
  12. Serge Gauthier : Un épisode guerrier à Baie Saint Paul en 1759. Histoire Québec, vol. 9, n° 1, 2003, p. 7.
  13. Jean-Claude Hébert : Le siège de Québec en 1759 par trois témoins. Éditions du Ministère des affaires culturelles, 1972. Série Place Royale, 1972, page 59. Section 2 : « Siège de Québec, Notes du capitaine Schomberg, copie d’un manuscrit déposé à la bibliothèque de Hartwell en angleterre, Éditions des Presses de Fréchette & Cie., Québec, 1836 ».
  14. Richard Harvey : La Conquête (1759-1762). Histoire des Harvey québécois.
  15. Journal du siège de Québec du 10 mai au 18 septembre 1759, publié et annoté par Aegidius Fauteux, bibliothécaire de Saint-Sulpice. Québec 1922, p. 50.
  16. John Knox : « An historical journal of the campaigns in North America for the years 1757, 1758, 1759, and 1760 ». Volume II, London 1769, page 5 et page 27.
  17. Claude de Bonnault : Les Suisses au Canada. Bulletin des recherches historiques, Vol. 61 Lévis — Avril-Mai-Juin 1955, No 2. page 56.
  18. Charles P. Stacey : “Étude préliminaire : Les forces armées anglaises en Amérique du Nord pendant la guerre de Sept Ans. François-Charles de Bourlamaque. William DeLaune. George Scott. James Wolfe” (1974). Publié dans le Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003. Année de la révision: 2015.
  19. Valmond Bouliane : Du Val de Quint à la Vallée du Saint-Laurent, publié par l’Association des familles Boulianne Inc., ISBN: 2980724203, 578 pages, 1996.
  20. Samy Khalid : Les Suisses, révélateurs de l’imaginaire national canadien. Construction identitaire et représentations de la citoyenneté à travers l’expérience des migrants Suisses au Canada (XVIIe – XXe  siècles). Thèse présentée à la Faculté des études supérieures et postdoctorales à titre d’exigence partielle en vue de l’obtention du doctorat pluridisciplinaire en histoire et en études canadiennes. Université d’Ottawa, Ottawa, Canada 2009.
  21. Pierre-Georges Roy : « Les traîtres de 1759 ». Les Cahiers des Dix, Vol. 1, Montréal 1936, pp. 57-58.
  22. MM Eugène et Émile Haag : La France protestante. Tome 2, page 987. Deuxième édition. Librairie Sandoz et Fischbasher. Paris 1879.
  23. Arrêt de la Chambre des vacations du 6 novembre 1745. Extrait des Registres de la Cour de Parlement, Aydes et Finances de Dauphiné, page 172 du document.
  24. A.J.B. Johnston, Borderland Worries: Loyalty Oaths in Acadie/Nova Scotia, 1654-1755, French Colonial History, vol. 4, 2003, p. 31-48 (citation p. 37).
  25. Histoire de Montélimar et des principales familles qui ont habité cette ville, par Adolphe Coston (Baron de). Volume 4. Montélimar 1886, p. 23.

AUTRES RÉFÉRENCES :

Cercle vaudois de généalogie

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